Pour la White Star Line (1911 - 1927)
Avec son jumeau le Traffic, le Nomadic est donc utilisé comme un transbordeur à Cherbourg. Il débute son service à l'occasion du voyage inaugural de l’Olympic, le 14 juin 1911, lors de l'escale du géant en France. Le luxueux intérieur du Nomadic est conçu pour transporter les passagers de première et deuxième classe, tandis que le Trafic est utilisé pour les passagers de troisième classe et les bagages. Le premier service du transbordeur laisse cependant à désirer, le chargement et déchargement des passagers n'ayant alors pas trouvé de cadence appréciable. Le Nomadic se montre également malchanceux : le 13 novembre 1911, il heurte le Philadelphia de l'American Line, qu'il était en train de charger; la collision endommage légèrement sa proue.
Le 10 avril 1912, le Titanic quitte Southampton pour son unique traversée. Il atteint Cherbourg vers 18 heures 30. Les passagers embarquant depuis la France, parmi lesquels de célèbres milliardaires tels que John Jacob Astor et Benjamin Guggenheim ainsi que Margaret Brown, ont été priés d'embarquer dans les transbordeurs une heure auparavant. Le transbordement se fait en à peine trois quarts d'heure : le Traffic passe en premier, puis vient le Nomadic. Il ramène au retour les quelques passagers qui ne font que la traversée de la Manche.
Malgré le naufrage du Titanic, la White Star maintient son service transatlantique, et le Nomadic poursuit sa carrière. Pendant la Première Guerre mondiale, il est réquisitionné par la marine française et sert dans le port de Brest avec le Traffic, notamment au transbordement des troupes venues d'Amérique. Après la guerre, le Nomadic reprend son service cherbourgeois pour la White Star Line, transbordant des passagers à bord des paquebots affectés à la ligne Southampton - New York, l’Olympic, l’Homeric et le Majestic. En 1927, la White Star est vendue par l'International Mercantile Marine Company, sa compagnie mère, à Lord Kylsant, propriétaire britannique. Le Nomadic et le Traffic sont vendus à la Société cherbourgeoise de transbordement, la compagnie ayant besoin de faire des économies. Le nom des navires reste cependant inchangé, de même que leur fonction. Le 29 novembre 1931, le Nomadic heurte le Minnewaska, navire qu'avait précédemment heurté le Traffic deux ans plus tôt.
L'Ingénieur Minard (1934 - 1974)
En 1934, le Nomadic est revendu à la Société cherbourgeoise de remorquage et de sauvetage. Il est alors rebaptisé Ingénieur Minard pour honorer le responsable de la mise en eaux profondes du port. Sa fonction ne change cependant pas jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. L’Ingénieur Minard sert alors à évacuer des troupes de France jusqu'au Royaume-Uni en 1939. À partir de 1940, il sert la Royal Navy comme navire de patrouille.
Après la guerre, il reprend ses fonctions dans le port de Cherbourg, servant les navires de la Cunard, les prestigieux Queen Mary et Queen Elizabeth. Les deux paquebots, à cause de la forte progression du trafic aérien, sont retirés du service en 1967 et 1968, signant de fait la fin de carrière de l’Ingénieur Minard après 57 ans de service.
Le transbordeur est ainsi vendu à la compagnie de démolition Somairec, au Havre, la même année. Cependant, cette démolition n'a jamais lieu. Il est alors racheté par un particulier qui s'en sert quelques mois pour son plaisir personnel puis l'amarre à des bolards du « port militaire » sur l'Oise à Conflans-Sainte-Honorine, juste en aval du viaduc ferroviaire de la ligne Argenteuil-Mantes durant environ 4 années, mais sans aucun gardiennage. Laissé ainsi à l'abandon de 1969 à 1974, « certains » lui rendent visite… en emportant de petits souvenirs.
Du restaurant à l'inactivité forcée
En 1974, le navire est acheté par un particulier, Yvon Vincent, qui le transforme en restaurant sur la Seine et lui rend son nom d'origine. Le restaurant ouvre en 1977, et connaît une longue carrière sous trois noms différents (le Shogun, Le Colonial et Le Transbordeur du Titanic). Il est également utilisé comme local de bureaux et comme salle de réceptions.
25 ans plus tard, le restaurant est fermé : de nouveaux règlements exigeaient que les bateaux de la Seine soient inspectés périodiquement, et cela est impossible pour le Nomadic. En effet, ses superstructures l'empêchent de passer sous les ponts de Paris. Le Nomadic reste alors dans un état d'abandon sur les quais de Seine.
Alerté par l'Association française du Titanic, le ministère de la Culture en France le place en instance de classement aux monuments historiques pendant un an, le temps de trouver un repreneur. L'association médiatise l'affaire dans la presse, sur le web, sur les radios et télévisions françaises : Le tout premier livre est publié Le S/S Nomadic, petit-frère du Titanic (de Fabrice Vanhoutte et Philippe Melia) et des projets sont alors énoncés dont un retour à Cherbourg et son intégration à la Cité de la Mer qui n'aura finalement pas lieu.
Un appel aux dons est également lancé par l'association sans but lucratif Belfast Industrial Heritage avec la collaboration de passionnés britanniques, irlandais et belges, pour que le Nomadic retourne dans les chantiers Harland and Wolff pour être restauré et transformé en musée.
En 1999 est décidé de faire examiner la coque du Nomadic en cale sèche avant une éventuelle réouverture au public. Le 17 septembre 2002 le port autonome de Paris débute les travaux de découpage des superstructures du Nomadic afin de lui permettre de passer sous les ponts. Le 1er avril 2003 le Nomadic quitte Paris pour Le Havre et passe en cale sèche entre janvier et février 2004.
Le nouveau départ
Le 26 janvier 2006, le Nomadic est acquis aux enchères par le Department of Social Development of Northern Ireland (Northern Ireland Office). Le navire a été acheté 171 320 £ (soit 250 001 €).
La municipalité de Belfast a estimé à 7 millions de £ (plus de 10 millions de €) le coût de la restauration du Nomadic.
Belfast Industrial Heritage a finalisé la campagne de financement et sa collaboration avec White Star Memories et d'autres passionnés par la constitution de la Nomadic Preservation Society (Société de préservation du Nomadic) dans le but de contribuer financièrement à la restauration du navire.
Il est prévu que le Nomadic figure sur le British Historic Ship Register (Registre des navires historiques britanniques). Ceci permettra également l'octroi de subsides permettant sa restauration complète.
Le Nomadic a été chargé sur une barge immergeable le 9 juillet 2006 et a quitté Le Havre le 12 juillet 2006 à 7 heures. Il arriva à Belfast le samedi 15 juillet 2006 vers midi.
Dès son arrivée, le navire fut débarrassé de la multitude d'algues et de coquillages qui souillaient sa coque. Ces travaux eurent lieu sous une chaleur extrême et un ouvrier chargé du nettoyage succomba à une crise cardiaque. Une célébration discrète, rendant également hommage à la victime, eu lieu le 18 juillet 2006 en présence du ministre Hanson et d'une foule d'invités. Pour ce faire, le Nomadic — toujours placé sur sa barge — fut montré au public au cœur de Belfast.
Le navire resta amarré au Queen's Quay durant deux jours. On estime que plus de 8 000 visiteurs firent le déplacement pour voir le dernier vestige de la White Star Line. Le Nomadic fut ensuite transféré dans les installations de Harland and Wolff Technical Services afin d'être déchargé et placé en cale sèche pour inspection.
Malgré l'inactivité apparente autour du Nomadic durant les vacances d'été, la Nomadic Preservation Society travailla d'arrache-pied pour organiser une soirée de gala le 25 novembre 2006 à l'occasion du passage de la comédie musicale Titanic à Belfast, pour organiser la première Convention internationale du Nomadic en avril 2007 et pour être représenté au sein du Trust chargé du projet de restauration du navire.
Fin 2009, de mauvaises nouvelles parviennent cependant du chantier qui ne semble pas avancer. Le navire n'est en effet pas traité avec soin, et une vidéo choque particulièrement, montrant des fuites d'eau importantes dans le navire, dont le gardien a été remercié en octobre. La Nomadic Preservation Society annonce néanmoins une importante célébration du centenaire de ce bateau à Belfast le premier week-end de mai 2011.
Il sera aussi une attraction au parc Titanic Quarter à Belfast pour le centenaire du Titanic.
(Source Wikipédia)