LE NAUFRAGE

Dimanche 14 avril 1912 : Atlantique Nord

Situation des différents navires au moment du drame

23h40 - Alors que les deux vigies Frederick Fleet et Reginald Lee tentent de percer l'obscurité de la nuit, la disparition de leur paire de jumelle leur fait cruellement défaut. Tout à coup, Fleet sonne trois fois la cloche et saisit le téléphone en hurlant au sixième officier James MOODY :
- Vous êtes là?
- Oui. Que voyez-vous?
- Iceberg, droit devant
- Merci
Celui-ci informe le premier officier William Murdoch , et ce dernier ordonne alors : A tribord, toute !* Stoppez les machines, en arrière toute !
Ensuite il enclenche la fermeture des quinze portes étanches séparant les seize compartiments du navire.

* A cette époque la marine britannique utilise encore à bord des navires civils et militaites les ordres de manoeuvres employés sur les voiliers, et lorsque l'on veut aller à bâbord (gauche), il faut pousser la barre franche à tribord (droite) située à la poupe (arrière).
C'est pourquoi on indique non pas la direction à prendre, mais de quel côté il faut pousser la barre franche fixée au safran, ou plus tard tourner la barre à roue actionnant le gouvernail.
Pour éviter des accidents malheureux qui ne manquèrent pas d'arriver, ce système controversé est enfin abandonné le 1er janvier 1933 ! Cette décision fit grand bruit à l'époque.

Le Titanic a déjà parcouru 426 mètres, pendant les trente sept secondes qui lui sont nécessaires pour changer de cap à 21 noeuds et demi. Ce laps de temps semble interminable avant que la proue ne commençe à s'écarter sur bâbord.
Au grand soulagement de tous, l'iceberg qui dépasse le nid de pie d'au moins huit mètres, glisse sur le coté tribord. Et bien que la collision semble évitée de justesse, de grands morceaux de glaces tombent sur le pont juste derrière le gaillard avant.
Suivant la situation de chacun, le choc n'est pas perçu de la même manière. Pour ceux qui se trouvent dans les hauteurs du navire, cela ressemble à une vibration tout au plus, mais pour les moins chanceux entassés dans l'entrepont, le choc est relativement violent. Quand aux mécaniciens situés à l'avant, l'eau s'engouffre immédiatement par les brèches ouvertes dans la coque, et c'est les jambes à leur coup qu'ils doivent s'enfuir pour leur salut.

23h41 - Quand le capitaine E.J. Smith réveillé par la collision arrive sur la passerelle, on lui rend compte de la situation. Il envoie alors le quatrième officier Joseph Boxhall inspecter les fonds de la proue au niveau du pont G. Il ne trouve rien d'anormal sur son chemin de retour.
Sur la passerelle, le Capitaine Smith positionne le chadburn sur "Half-speed ahead". Les moteurs tourneront encore pendant 3 à 4 minutes.

23h45 - Les moteurs sont maintenant arrêtés. Thomas Andrews est demandé sur la passerelle par le capitaine Smith .

23h47 - Joseph Boxhall transmet son rapport au capitaine Smith qui lui demande de trouver le charpentier de bord pour qu'il sonde le navire. Dès son arrivée sur la passerelle, Ismay est mis au courant par le Capitaine Smith , des graves avaries du navire.

23h48 - Le Capitaine Smith et Thomas Andrews quittent la passerelle pour inspecter les dommages. Joseph Boxhall rencontre le charpentier qui lui rend compte des dommages causés à l'avant du navire.

23h49 - Le postier Jago Smith rencontre Joseph Boxhall sur son chemin vers la passerelle, et lui rend compte de la situation dans la salle de tri postal. Elle est déjà sous l'eau. Joseph Boxhall descend jusqu'au pont E et trouve la porte étanche close. Il emprunte alors l'escalier menant à la salle de tri, descend au pont G, et voit alors l'eau s'engouffrée très rapidement.

23h57 - Joseph Boxhall est de retour sur la passerelle. Le Capitaine Smith et Thomas Andrews sont également présents, après leur tour d'inspection. Thomas Andrews analyse alors le rapport des avaries, et calcule que le Titanic n'a au plus que deux heures devant lui avant de sombrer. Le réservoir du coqueron avant, les cales N°1, 2, et 3, et la chaufferie N°6 prenent l'eau. Le poids ainsi embarqué va enfoncer la proue si profondément, que les cloisons étanches n'empêcheront pas l'eau de passer par dessus pour inonder les compartiments suivants. Ces cloisons n'étant pas étanches au niveau du plafond, le calcul simple et mathématique ne laisse aucune alternative.

23h59 - Ismay revient sur la passerelle pour être informé de la situation. Joseph Boxhall réveille Herbert Pitman et Charles Lightoller dans leurs cabines.

Avec des "SI"...

  • Si la vitesse du navire avait été réduite, la manoeuvre aurait permis de contourner l'iceberg.
  • Si l'iceberg ne s'était pas retourné sur lui même peu de temps avant, sa blancheur naturelle qui vira au gris ne l'aurait pas rendu invisible.
  • Si la nuit avait bénéficié de la lune, sa clarté aurait aidé à voir plus loin.
  • Si il y avait eu de la houle, le clapotis de l'eau à la base de l'iceberg aurait permit de le déceler plutôt.
  • Si les vigies avaient eut des jumelles, ils auraient sans doute aperçus l'iceberg à temps.
  • Si les cloisons étanches avaient monté un pont plus haut, ou si les plafonds des compartiments avaient été complétement étanches, l'eau ne se serait pas déversée dans les compartiments adjacents.
  • Si le choc avait été frontal donc beaucoup plus violent, le navire n'aurait certainement pas sombré.


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